ERC-CoG DISPERSAL

Plusieurs études récentes montrent que la distribution géographique de nombreuses espèces continentales peut être expliquée par un nombre limité de dispersions intercontinentales, et que ces épisodes de dispersion deviendront de plus en plus fréquents face au changement climatique actuel.

Les mécanismes contrôlant ces dispersions sont néanmoins mal connus et les dispersions interocéaniques sont aujourd’hui considérées comme un processus rarissime et souvent aléatoire.

Il existe pourtant plusieurs exemples de dispersion intercontinentale qui semblent massifs et coordonnés. De récentes découvertes paléontologiques montrent qu’au cours d’une courte période de bouleversements climatiques y a 40 à 35 millions d’années, primates anthropoïdes et rongeurs traversèrent 500 km de l’océan Néotethys pour rejoindre l’Afrique de l’Asie, puis 800 km de l’océan Atlantique pour rejoindre l’Amérique du Sud.

Le projet DISPERSAL a pour but de construire une base théorique et empirique sur les mécanismes des dispersions interocéaniques en résolvant ces simples questions : comment primates et rongeurs ont-ils pu traverser deux océans ? Ces dispersions ont-elles été contrôlés / favorisés par des facteurs tectoniques et climatiques ? Peut-on modéliser (et prédire) leurs dispersions ?

DISPERSAL est dirigé par Alexis Licht (Chargé de Recherches CNRS, CEREGE) avec de nombreux collaborateurs issus de laboratoires français (CEREGE à Aix-en-Provence, CR2P à Paris, Geosciences Rennes, ISEM à Montpellier, LSCE à Orsay) et étrangers (Kansas University, Vrije Universiteit à Amsterdam, Université de Genève, Roma Tre Universita, Utrecht Universiteit). Le projet comporte six volets parallèles :

Raffinement de l’enregistrement paléontologique des primates et rongeurs Néotethysiens de l’Eocène
Acquisition de plusieurs archives paléobotaniques pour tracer l’évolution des écosystèmes le long du corridor de dispersion
Acquisition de plusieurs archives géochimiques et sédimentaires pour comprendre l’évolution climatique au cours de la dispersion
Construction de cartes paléogéographiques à haute résolution explorant tous les itinéraires de dispersion probables
Simulation du climat et des courants océaniques de l’Eocène pour tester la validité des différents itinéraires et mode de dispersion
Développement d’un outil de modélisation probabiliste de la connectivité des niches écologiques et son application aux primates de l’Éocène.

Le financement du projet s’étale sur la période 2022-2027 et inclut l’embauche de deux doctorants, trois postdoctorants et un ingénieur de recherches, ainsi que l’acquisition d’une ligne d’analyse des isotopes clumped au CEREGE.