Centre de recherche et d’enseignement
des géosciences de l’environnement
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FOCUS Alice Chapiron

Un mois dans la Mars Desert Research Station avec Alice Chapiron, étudiante SUPAERO et stagiaire CEREGE.

A peine de retour d’un mois de simulation en station martienne, Alice Chapiron, membre de l’équipage 275 en mission depuis le 13 février dernier, partage son expérience « extraordinaire ».

Parmi les étudiants de l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace (ISAE-SUPAERO) de Toulouse, Alice et les 6 autres membres sélectionnés de l’équipage MDRS 275, reviennent à peine d’une mission de 4 semaines dans la Mars Desert Research Station (MDRS).

Cet habitat de 8 mètres de diamètre géré par la Mars Society (organisation américaine à but non lucratif) a été créé à l’identique de ce que pourrait être une future base installée sur Mars si ce n’est qu’il se trouve dans le désert de l’Utah (USA).

Au départ, la passion pour l’exploration spatiale

Après une classe préparatoire au Lycée du Parc à Lyon, Alice Chapiron choisit l’ISAE-SUPAERO pour cultiver sa passion pour la découverte et l’exploration spatiale.

Sélectionnée pour être scientifique de la mission de simulation de vie martienne MDRS en fin 2021, elle décide de réaliser son stage « ouvrier » de fin de première année d’école d’Ingénieur au CEREGE pour se former à la géologie et ainsi se préparer au mieux à son rôle dans la mission : « J’ai effectué mon stage au CEREGE en juillet 2022 avec Jérôme Gattacceca, Directeur de Recherche au CNRS. Il était essentiel que j’obtienne les connaissances complémentaires nécessaires en géologie et en planétologie pour mener à bien ma mission. Mon expérience au CEREGE m’a permis de rencontrer des chercheurs travaillant dans ces domaines et d’apprendre les techniques d’expérimentations. »

Lors de ce stage, Alice s’est familiarisée avec les roches et les différents moyens de les étudier (pétrographie par microscopie optique, mesures magnétiques, géochimie par analyse par fluorescence de rayons X).
« L’accent a été mis sur des techniques qui pourraient être utilisées dans la MDRS ou lors des sorties sur le terrain autour de la station ave des appareils portatifs. C’est dans cette optique que le CEREGE a prêté à Alice un Meteorite Meter (MetMet), instrument de mesure portatif conçu et fabriqué par Minoru Uehara, ingénieur de recherche CNRS au CEREGE » explique Jérôme Gattacceca. Cet instrument au maniement simple, initialement destiné à détecter les météorites par la mesure de la susceptibilité magnétique et de la conductivité électrique, est particulièrement adapté à des mesures sur le terrain.

Une expérience aux sujets d’étude variés

La technologie : démonstration technologique d’une IA assistant d’astronaute, notamment pour des protocoles d’urgences et utilisation d’Echofinder, un échographe assisté d’une IA permettant à l’astronaute sans connaissance de faire une échographie afin de faire un retour d’expérience aux chercheurs du CNES. Ces deux expériences ont été effectué avec le CNES de Toulouse.

La géologie : test de matériel et caractérisation des types de roche. le Meteorite Meter du CEREGE a permis de mettre en place un protocole de mesure en Extra-vehicular Activities (EVA) pour cartographier une zone de façon simple. L’intérêt dans ce cas n’était pas de récolter des données pour la recherche (difficile de faire de la géologie martienne dans le désert de l’Utah) mais bien de simuler le process, les EVA de collecte d’échantillons et d’analyses géologiques lors de mission sur Mars étant présentes et très importantes.

La physique : collecte de données pour Jean-Pierre Lebreton et Jean-Baptiste Renard (CNRS d’Orléans) avec le Mega-Ares, un instrument de mesure du champ électrique, et le LOAC pour la mesure de la concentration de différente particule dans l’air et le classement par taille.

La botanique : mise en place d’un système d’aquaponie

La vulgarisation scientifique : dans des lycées/collèges du programme OSE l’ISAE-SUPAERO, avec le CNES et la Cité de l’Espace.

Les aspects humains : mesurer le stress des astronautes sous l’influence de paramètres environnementaux tels que la pression, la température, la luminosité, la contrainte physique du lieu… Recherches menées par  Michail Magkos (KTH Royal Institute of Technology, Suède).

8 mètres d’univers inconnu pour vivre ensemble pendant 1 mois

En effet, l’une des principales missions MDRS consiste à éprouver l’équipage dans les comportements et les bonnes pratiques ainsi que de confronter ses membres à un environnement unique et inhabituel. Dans cette station sont simulées des conditions de vies martiennes telles que l’isolement, la restriction des communications et les sorties extravéhiculaires. « En tant qu’équipage, nous avons tenu à ce que notre mission serve la recherche par notre collaboration avec des chercheurs, des entreprises ou encore des agences spatiales. »

Pour la première fois un équipage reste plus de deux semaines en simulation. Alice estime les résultats concluants et riches en nouveaux facteurs pour les chercheurs : « Nous sommes très satisfaits des résultats de cette simulation, la majeure partie de nos objectifs ayant été atteints, au-delà même de nos espérances. C’est une expérience déroutante au début sur le plan humain. On apprend à se découvrir, on se surprend à avoir une autre forme de normalité. Le plus gros challenge réside dans la capacité à s’imposer la discipline et les procédures avec une routine très stricte, et ce, dès l’aube : un questionnaire de sommeil, une session de sport, le petit déjeuner, la procédure Eva très rigoureuse… jusqu’au moment du coucher. »


Préparer les prochaines générations

 A la question posée « est-ce qu’un jour, comme Thomas Pesquet, ancien étudiant de ISAE-SUPAERO, vous rêveriez de mettre à profit cette expérience pour une mission spatiale ?», Alice précise : « c’est un rêve oui, bien que je n’ose prétendre à ce que ce soit un objectif ».

La prochaine mission de l’équipage 275 réside désormais dans le partage de cette expérience avec le grand public et les scolaires tout particulièrement, avec l’espoir affirmé d’inspirer des vocations et intégrer dans le réel ce qui pour certains n’appartient pour l’instant qu’à un imaginaire inaccessible

photos©Club Mars Supaero

Jeremy Hansen, astronaute de l’Agence Spatiale Canadienne sélectionné pour être membre d’équipage de la Mission Artemis II, fera le tour de la Lune en 2024 pour le premier vol d’essai avec équipage du programme Artemis. Cette campagne de plusieurs missions vise à s’installer durablement sur la Lune et ouvrira la voie à l’exploration habitée de Mars. Les quatre astronautes seront chargés de s’assurer du bon fonctionnement de tous les systèmes du vaisseau spatial Orion.

En 2013, en collaboration avec une équipe du CEREGE (Yoann Quesnel, Pierre Rochette, Jérôme Gattacceca), Jeremy Hansen participe à une mission de terrain sur le cratère d’impact de Haughton sur l’île de Devon dans le Haut-Arctique canadien dans le cadre de sa formation à la géologie (communiqué de presse INSU du 4 août 2013)

Jeremy Hansen 2ème à droite, Jerôme Gattacceca, extrême gauche, 2013 sur l’île de Devon