FOCUS Julie Losen
Un mois sur le terrain au Kirghizistan et Kazakhstan avec Julie Losen, Doctorante Terre & Planète au CEREGE.
Au Kazakhstan, dater l’activité sismique par l’étude des arbres et des lacs
Début Juillet 2022: Dans le cadre du projet CASAC (Cernes d’arbres et Séismes en Asie Centrale) financé par la fédération de recherche Eccorev, le but de la mission de l’équipe autour de la thèse de Julie Losen (Magali Rizza – CEREGE, Cécile Miramont, Elodie Brisset, Lenka Brousset, Fred Guidal, Fred Guiter- IMBE) est de dater l’activité sismique des failles actives dans la région du Tien Shan, notamment au Kazakhstan.
Il s’est agi pour l’équipe d’échantillonner des arbres et des lacs susceptibles d’avoir été impacté par des tremblements de terre. Ils sont en fait comme la mémoire de leur environnement…
Pour se faire, un certains nombres d’arbres à proximité de la faille et d’autres plus éloignés non affectés par les séismes ont été échantillonnés par l’intermédiaire de petites carottes dans les troncs. « Pendant ce temps, nous avons ouvert une tranchée paléo-sismologique sur un petit replat pour voir la faille en coupe. Nous avons également pu prélever des échantillons de roches sur des moraines déformées par celle-ci. » explique Julie.
Au Kirghizstan, comprendre l’histoire et prévenir les risques par l’analyse
Une semaine plus tard, la mission de terrain se poursuit au Kirghizstan, le long de la rivière Naryn, dans la chaîne du Tien Shan avec Magali Rizza, Maxime Henriquet, Alexis Nutz (CEREGE) et Mathieu Schuster (EOST). Dans cette région, les tremblements de terre et les glissements de terrain constituent des risques majeurs pour les sociétés et les économies. Des travaux antérieurs le long de la rivière Naryn attribuaient l’endiguement de la rivière dans le passé au méga glissement de terrain de Beshkiol, créant ainsi un lac de 70 km de long.
Julie précise qu’« afin de déterminer l’âge des sédiments lacustres et donc indirectement des différents événements de glissements de terrain, nous avons récoltés des échantillons qui seront datés par luminescence (OSL) et 14C sur certaines unités sédimentaires réparties dans le bassin et proche du glissement ».
Grâce à l’analyse d’images satellitaires et drones ainsi que des Modèles Numériques de Terrain associés, une cartographie détaillée du bassin a pu être réalisée révélant de nombreux dépôts fluviaux et lacustres ainsi que des paléo-rivages d’anciens lacs préservés en amont de ce glissement de terrain.
La prospection de terrain ainsi que les coupes stratigraphiques observées ont permis de montrer que, contrairement à ce que l’on pensait, au moins deux épisodes majeurs d’endiguement ont eu lieu formant ainsi deux lacs majeurs dans cette région.
Se concerter avec ses pairs pour la poursuite des recherches
La thèse de Julie s’inscrit également dans un projet de l’OTAN intitulé «Earthquake Hazard and Environmental Security in Kazakhstan and Kyrgyzstan» ayant pour objectif de déterminer plus précisément les aléas naturels dans cette région du monde.
Un workshop avec l’équipe internationale (Magali Rizza -CEREGE, R. Walker, R. Arrowsmith et I. Pierce – OTAN) clôture cette mission d’un mois, offrant une chance de développer une activité de recherche et de formation pour le projet en poursuivant les recherches antérieures le long de la zone de rupture du séisme de 1911 dans la vallée de Chon Aksu.