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FOCUS sur le simulateur SimOn par Joël Guiot

SimOn, le simulateur de changement climatique

Où pourra-t-on cultiver de la vigne en 2080 en France ? Que va-t-il advenir des glaces du Svalbard ? Quel pays désertique pourrait être recouvert de forêts tropicales d’ici à 2100 ? SimOn, le simulateur de changement climatique réalisé à partir des modèles scientifiques du GIEC, vous aide à trouver les réponses !

Entretien de Fanny Trifilieff  pour Infuse, avec Joël Guiot, paléoclimatologue au CEREGE, co-président du GREC-Sud, co-coordinateur du MedECC et auteur dans le rapport spécial du GIEC sur un réchauffement de +1,5°C, qui a participé à l’élaboration de ce projet.

Article publié le 23 novembre 2023, avec le soutien d’ITEM (Institut Méditerranéen de la Transition Environnementale.)

Infuse : Comment SimOn a-t-il été développé ? 

Joël Guiot : SimOn (Simulateur On) a été développé par l’association de la Cité de l’Environnement, association loi 1901 créée par deux frères, Hadrien et Clément Levard, qui vise à développer des outils ludiques de sensibilisation grand public autour des problématiques environnementales. Ceux-ci peuvent prendre la forme de jeux, d’outils numériques, d’expositions ou encore de supports de formation professionnelles.

Le développement de SimOn est parti du constat qu’il n’existait pas d’outil facile à prendre en main, multi-échelle (allant de la région PACA jusqu’à l’échelle mondiale par exemple) et multi-paramètre (biomes, températures, précipitations, montée des eaux) pour simuler le changement climatique à partir des différents scénarios du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC).

Cet outil de simulation de réchauffement climatique est le fruit d’une collaboration dans une équipe multidisciplinaire de personnes engagées dans la lutte contre le changement climatique. Je citerai notamment, Corentin Leroux, qui grâce à sa formation interdisciplinaire a contribué à transformer et à générer les données nécessaires aux cartes à fine échelle, Macha Bellinghery, médiatrice scientifique, qui a su rendre accessible à tous, les différentes fonctionnalités et la complexité du modèle, ou encore Patrick Browne, bénévole de l’association, qui a assuré le développement technique de la version actuelle pour fournir une expérience utilisateur fluide et intuitive. D’ailleurs, l’ensemble de l’équipe dirigeante de l’association de la Cité de l’Environnement, Mathilde Mercier, ainsi qu’Hadrien et Clément Levard, y ont contribué. Enfin, j’y ai moi-même participé en extrayant les données des simulations climatiques du GIEC et en supervisant le développement des calculs statistiques.

Ce projet a été réalisé grâce au soutien de la fondation universitaire A*Midex, initialement via le Labex OT-Med, puis achevé dans le cadre de l’institut ITEM, Institut Méditerranéen pour la Transition Environnementale.

Infuse : De quelle(s) façon(s) fonctionne-t-il ? 

J.G : Les données de base sont disponibles au public. Nous les avons extraites de la base de données appelée CMIP qui sert à fournir les projections du GIEC. Ces projections sont issues d’une vingtaine de modèles climatiques mondiaux. Nous avons uniformisé ces données et ajusté l’échelle spatiale pour produire des cartes moyennes au niveau du globe. Nous avons également calculé des cartes à haute résolution qui permettent de se focaliser sur la France et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Lors de l’ouverture de l’application, un petit tutoriel nous explique comment faire varier les variables climatiques, les scénarios et l’horizon temporel. Les scénarios proposés correspondent à des scénarios prévisionnels du GIEC. Ils sont au nombre de trois : 

  • Le premier, appelé « scénario optimiste », est celui qui modère les émissions de gaz à effet de serre dans le respect de l’Accord de Paris.
  • Le second, « scénario intermédiaire » ne respecte pas l’Accord et il est plutôt celui que l’on suit actuellement.
  • Le troisième « scénario pessimiste » est celui où l’on ne fait aucun effort qu’on appelle aussi « Business as usual ».

L’horizon temporel varie linéairement de 2020 à 2100 à l’aide d’un curseur manuel ou bien d’une animation automatique. L’utilisateur peut partir de la carte mondiale et focaliser successivement sur la France, puis sur la région PACA. Sur cette dernière, on projette également les zones qui pourront être inondées suite à l’élévation du niveau de la mer. Cette élévation est progressive selon le scénario choisi, de 40 cm à 90 cm en 2100. Nous fournissons également la répartition de la végétation (les grands biomes) selon le climat correspondant. Par exemple, on peut ainsi voir la végétation méditerranéenne remonter vers le nord en France au fur et à mesure que le climat se réchauffe.

Infuse : Quels sont les objectifs d’un tel projet ?

J.G : Cet outil libre est destiné à tous ceux qui cherchent à mieux comprendre les enjeux liés au réchauffement climatique, et nous espérons qu’il permettra de sensibiliser le plus grand nombre en particulier les scolaires et les étudiants. Il sera également mis à disposition dans le cadre du futur musée de l’Environnement en cours de gestation à Marseille prévu par le projet Odysseo.

Cet outil n’est en aucun cas destiné à la recherche scientifique. Il est uniquement à visée pédagogique. Nous espérons qu’il permettra à tout un chacun de comprendre les enjeux mondiaux et locaux du changement climatique et lui donner la motivation de transformer son mode de vie afin d’éviter que notre environnement devienne invivable.

Découvrez le simulateur


Glossaire :

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Retrouvez "L'avis d'expert" dans la dernière LETTRE d'AMU N°103